Parutions

Il faut se réjouir qu’une revue célinienne voie le jour. Le mois passé, j’ai signalé le premier numéro d’Études céliniennes édité par la S.E.C. La nouvelle publication se veut « une nouvelle tribune aux travaux en cours sur l’œuvre et la vie de Céline ». Le sommaire est agréablement diversifié puisqu’il comprend non seulement des études, mais aussi des notes de lecture, des documents et une chronique bibliographique. J’ajoute que la revue est de belle facture, ce qui ne gâte rien.

Un petit bémol tout de même. Signant une quatrième (et dernière ?) version de son compte rendu du Dictionnaire Céline (Plon, 2004), l’un des chroniqueurs écrit ceci à propos de la réception critique du livre : « Après trois livraisons produisant les mémoires d’Alméras, le Bulletin célinien y alla d’une interview admirative reniant ce qu’il avait pensé en 1994 et 1999 de la “haineuse passion” d’Alméras ».

Cela fait beaucoup de contrevérités en une seule phrase. Dommage car cet article – qui relève les nombreuses erreurs et lacunes dudit Dictionnaire – est précieux.

Passons sur la qualification abusive de « mémoires » à propos de souvenirs épars sur les années consacrées à l’étude de Céline, d’abord aux États-Unis d’Amérique, puis en France — c’est un détail. Mais qualifier d’« admirative » l’interview de l’auteur du Dictionnaire Céline laisse pantois. En outre, le chapeau rédactionnel présentant cet entretien atteste que je ne renie en rien ce que j’ai écrit de sa biographie : j’y rappelle au contraire qu’elle n’est pas « un modèle d’équanimité ». La litote ne serait-elle pas suffisamment explicite ? En outre, ce que j’écrivais dans « Haineuse passion » (qui traitait de cette biographie) est d’autant moins renié que ce texte est repris sur notre site Internet où tout un chacun peut le consulter.

Quant au dictionnaire lui-même, j’indiquais, dès  janvier  2005, qu’il « n’est  pas à l’abri des critiques, loin s’en faut », notamment en raison de la rapidité avec laquelle il fut réalisé. Autre cause : le fait qu’il soit l’œuvre d’une seule personne alors qu’un travail rigoureux et précis eût requis, comme je l’ai écrit, la formation d’une solide équipe de céliniens (avec ou sans guillemets).

On finira, je le crains, par me reprocher mon… œcuménisme. Il m’a toujours incliné à ne pas refuser l’échange avec tel ou tel. Comme dans beaucoup d’autres milieux littéraires, les céliniens constituent un microcosme où fourmillent les guerres picrocholines. Je trouve cela parfaitement puéril et, partant, j’ai toujours eu à cœur d’entretenir des relations courtoises avec tous ceux qui travaillent sur Céline — à l’exception, bien entendu, des anticéliniens primaires qui, plus d’un demi-siècle après le procès de l’écrivain, jouent les Fouquier-Tinville au petit pied.

…Tout le contraire de Frédéric Vitoux qui aura beaucoup œuvré pour faire connaître Céline auprès d’un large public et même d’une audience choisie puisque c’est grâce à lui que le nom du maudit fut cité avec révérence par Michel Déon sous la coupole.

  1. Études céliniennes, n° 1, automne 2005, pp. 84-99. Nul n’est d’ailleurs à l’abri de petites erreurs : corrigeant les coquilles, le correcteur se trompe parfois lui-même : « Rassinier » (et non « Rassiniez », p. 85) et « Serouille » (et non « Sérouille », p. 92).